Je vous demande le droit de mourir, Vincent Humbert et Frédéric Veille

Je vous demande le droit de mourir
Vincent Humbert et Frédéric Veille

Genre : Témoignage
Edition : J'ai lu
Pages : 186
Lu du 8 au 9 Juillet 2019
Ma note : 


" Monsieur Chirac, je vous demande le droit de mourir.."
Cette supplice , datée du 30 novembre 2002, s'adressait au président de la République française, qui ne pouvait y répondre favorablement puisque la loi, en France, n'autorise pas l'euthanasie. Et pourtant ... Lorsqu'on lit le message boulversant que nous envoie Vincent Humbert depuis son lit d'hopital de Berk, on ne peut qu'être troublè : quand la médecine ne peut plus rien pour vous, quand vous êtes le spectateur impuissant de vos tortures, pourquoi vous serait-il refusé (toutes considérations religieuses mises à part) d'en obtenir la fin ?

La fin d'un supplice : c'est ce que Vincent souhaite, avec détermination et des arguments terribles ... En attendant, veillé quotidiennement par une mère-pietà dont l'amour et le dévouement n'ont d'égale que sa propre douleur et assisté par un ami avec lequel il communique par signes, il lance dans ce livre un appel pathétique. Pour que les condamnés de la vie puissent obtenir, s'ils le réclament, une libération dans la dignité.


Cela faisait un certain temps que je souhaitais lire un récit concernant le droit à l'euthanasie. Je me suis donc tournée vers cet ouvrage, à une date symbolique pour moi, puis terminé dès le lendemain. Je ne suis peut-être pas la personne la plus légitime pour me sentir concernée par l'euthanasie, mais je pense tout de même que oui : ayant accompagné mon papa durant son combat contre la maladie et le handicap, il avait évoqué cela à plusieurs reprises. 

Lorsque j'ai lu ce livre, nous étions également à la fin de l'affaire Vincent Lambert. Et d'en entendre parler tous les jours m'a encore plus motivée à découvrir l'histoire de Vincent Humbert.

Jeune homme de 19 ans, sa vie "s'est arrêtée" un soir de Septembre 2000, lorsqu'il est victime d'un terrible accident de la route. Après s'être fait "retiré la rate, réparé son poumon, recousu son foie et ouvert sa boite crânienne pour traiter un œdème", il est resté un mois dans le coma avant de se réveiller. Mais en étant tétraplégique, aveugle et muet

Lorsqu'une personne est victime d'un accident, ou d'un AVC par exemple, il y a plusieurs étapes à passer
- savoir si cette personne va s'en sortir vivante
- découverte des séquelles 
- si séquelles il y a, retrouver des facultés motrices et/ou cognitives à force de persévérance et de rééducation
- peut-être que des progrès se feront ressentir 
- puis, le moment où il n'y a plus de progrès. La personne stagne au meilleur de ce qu'elle a pu retrouver.
Oui, j'arrondis les angles. Mais c'est le chemin que prennent beaucoup de victimes. Ainsi que Vincent. 

Grâce à l'envie d'y croire de sa maman, Vincent arrive de nouveau à communiquer : il fait des pressions avec son pouce sur des lettres de l'alphabet, ces lettres deviennent des mots puis des phrases. Vincent a donc retrouvé ses facultés cognitives. Un esprit bien pensant, mais dans un corps qui ne répond pas. 
Vous imaginez ? "Vivre" en étant désormais aveugle, muet, en étant alimenté par sonde... Etre allongé dans un lit, savoir que la terre continue de tourner mais que vous, vous êtes comme spectateur de cela ? 
C'est maintenant la vie que mène Vincent : réveillé à 6h, être nettoyé, être passé du lit au fauteuil en attendant l'arrivée de sa maman, être repassé dans le lit, être tourné toutes les trois heures pour éviter les escarres...Et quand vient la nuit, ce sont des longues insomnies puisque c'est la nuit que le cerveau fonctionne le plus. Et attendre encore et toujours que le même rituel recommence... 
Qui arriverai à s'imaginer vivre 80 ans ainsi ? Certainement pas Vincent ! Qui va élaborer un plan A, un plan B et un plan C afin d'avoir le droit à l'euthanasie. En commençant par écrire à Jaques Chirac.  

En ce qui me concerne c'est clair : le droit à l'euthanasie devrait être un choix que tout le monde puisse faire. Et nous devrions pouvoir aider à accompagner nos proches de manière descente avec une prise en charge digne de ce nom pour ne pas vivre cela en étant caché, comme cela arrive encore à tant de personnes aujourd'hui.

Se dire que cela n'arrive pas qu'aux autres. Que ferions-nous si nous devenons comateux, dans un état végétatif, si une maladie nous frappe ? Nous devrions tous nous poser la question au moins une fois. Et pour commencer, penser aux directives anticipées


"Ce n'est pas de cette mort là que je veux. La vraie mort, celle que je souhaite, une mort dont on ne revient pas, cette mort là est bien plus belle. Elle est belle parque c'est le vide total. Il n,'y a plus rien. Vous ne souffrez plus et vous ne faites plus souffrir les autres."
P. 181

Commentaires

  1. Un livre qui doit faire forte impression, j'essaierai de le lire... Merci pour ce bel avis :)

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    1. Merci à toi d'être la seule a être venue mettre un commentaire ici ;) Pourtant c'est un livre qui mérite d'être lu et j'espère que tu en auras l'occasion :)

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